« Il faut rester vigilant, mais cette embellie, on prend! », s’exclame Noureddine Gharbi, directeur d’un hôtel de Djerba. Après des années de disette, cette île emblématique du tourisme balnéaire tunisien voit poindre une éclaircie.
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Ce secteur clé de l’économie a d’abord souffert de l’instabilité post-révolution de 2011, avant de plonger dans le noir suite à la série d’attaques de 2015-2016, dans laquelle 59 touristes ont notamment péri.
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Un an et demi plus tard, si la menace reste présente (l’état d’urgence en vigueur depuis fin 2015 vient d’être prolongé) les autorités l’ont martelé sur tous les tons le week-end dernier à Djerba, en marge du pèlerinage juif de la Ghriba: la sécurité est désormais « maîtrisée en Tunisie », et la destination de retour sur la carte de la Méditerranée.
Croissance importante
« Du 1er janvier à aujourd’hui (…), la croissance est importante, de l’ordre de 34%. C’est bon signe », a indiqué à l’AFP la ministre du Tourisme Selma Elloumi à l’occasion de ce pèlerinage qui marque le début de la saison sur l’île.
« La Tunisie est un pays sûr (…). Les chiffres du tourisme sont prometteurs », a renchéri le chef du gouvernement Chahed, lui aussi venu à la Ghriba.
En ces premiers jours de chaleur, l’optimisme est également de rigueur chez les professionnels. Parmi eux, M. Gharbi, directeur du « Rym Beach », un hôtel de la « zone touristique ».
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« C’est plus qu’un frémissement sur fond de mer cristalline. Même sans vacances scolaires, son établissement est plein aux deux tiers », note-t-il.
Le mot d’ordre reste « vigilance!»
Malgré l’éclaircie, M. Gharbi assure toutefois ne rien oublier des difficultés des dernières années: le mot d’ordre reste « vigilance, vigilance, vigilance! », résume-t-il.
Depuis 2011, et contrairement à d’autres structures, cet hôtel ouvert en 1992 n’a quasiment pas fermé, grâce à la fidélité de sa clientèle de retraités.
Mais les deux dernières saisons ont été rudes. « Tous les jours, il a fallu être présent auprès du personnel qui était fébrile quant à une perte d’emploi », dit M. Gharbi.
Responsable d’animation de l’hôtel, Amine âgé de 32 ans, est revenu à Djerba après des expériences en Turquie, au Maroc et au Sénégal.
« Pour certains animateurs, ça reste un peu dur, c’est pas encore comme avant », commente-t-il pudiquement.
En 2015 et 2016, à Djerba comme à Hammamet ou Sousse, le tourisme balnéaire s’est accroché à sa clientèle locale et algérienne comme à une bouée de sauvetage, dans un contexte plus large de crise économique.
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Du fait d’une fâcherie diplomatique Moscou-Ankara, il a aussi pu profiter l’an dernier d’une hausse historique du nombre de Russes (plus de 600.000 visiteurs, +800%).
On revient à Djerba
Mais la grande affaire reste la clientèle française, qui a atteint 1,5 million de visiteurs par le passé et dont la reprise est actuellement la plus notable en Europe.
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Hausse de 113% des réservations
Président du syndicat des tour-opérateurs français (Seto), René-Marc Chikli évoque une hausse de 113% des réservations par rapport à l’an dernier. Mais « ça reste sur des petits chiffres, on est reparti de zéro. (…) La reprise d’une destination comme ça, c’est plusieurs années », tempère-t-il.
Accompagnée sur la plage de son mari et quelques amis, Florence, une habituée de la Tunisie, explique avoir renoncé durant deux années « vu les événements ».
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On se sent en sécurité
Mais « on travaille énormément, et on avait besoin d’une vraie semaine de farniente. On revient à Djerba », fait valoir cette coiffeuse de Chartres (nord). En matière de sécurité, « on entend des fois l’hélicoptère, c’est vrai qu’on est un petit peu inquiet… mais en fait non, on se sent en sécurité », ajoute-t-elle.
Même si bientôt deux ans ont passé, difficile d’oublier les images de l’attentat de Sousse, dans lequel 38 touristes dont 30 Britanniques ont été tués à la kalachnikov.
A ce jour, la Grande-Bretagne est l’un des derniers pays européens à n’avoir pas levé ses restrictions de voyage. « Nous, on s’est équipé en caméras de surveillance, on a fait appel à une société de surveillance et de gardiennage », plaide M. Gharbi. « Avant, on avait des gardiens, il ouvrait la porte, c’était bonjour monsieur, bonjour madame. Maintenant, c’est différent ».