« Kalb Tounes » pour ceux qui ne le savent pas, Nabil Karoui n’est pas le fondateur de ce parti, il a récupéré une ruine qui appartenait à quelqu’un d’autre et l’a retapée pour en faire un parti à lui. Il a récupéré dans sa nouvelle maison des gens intéressants, des opportunistes, des têtes à claques et des pigeons voyageurs. L’infrastructure de ce parti rappelle étrangement celle de feu « Nidaa Tounes », ce qui n’est pas une référence dans la solidité d’une formation politique.
Nabil Karoui est entré en campagne électorale depuis plus de trois ans avec comme « produit d’appel » son association « Khalil Tounes » du nom de son fils disparu dans un accident tragique. Toute une télévision (Nessma TV) était dévouée à sa cause avec des journalistes et des intervenants trop proches de lui (el khobza ou l’opportunisme). Nabil Karoui fait de la politique pour son égo, pour « tuer » Youssef Chahed et un tout petit peu par conviction. Il a eu du succès pour au moins deux raisons.
La première est le résultat de la déconfiture de « Nidaa Tounes » qui est devenu un bordel à ciel ouvert avec un patron ridicule, niais, grossier et trop bête mais fils de son Père qui n’a jamais réussi ni le canaliser ni à lui inculquer les « ABC » de la politique.
La deuxième est le dégout des Tunisiens de tout ce qui se rapporte à l’Islam politique véhiculé directement ou indirectement par Ennahdha, Nabil Karoui se présentant comme étant le chantre de la liberté et des sentiments humains.
Dans leur malheur avec les commerçants de la religion, les Tunisiens ont oublié que NK a de très gros problèmes avec le fisc et est accusé aussi de blanchiment d’argent. Mais dans la guerre « sans merci » qui l’opposait à « Joseph Le Témoin », NK a réussi à avoir la sympathie du « public » vu l’acharnement qu’il a subi de la part d’une justice douteuse et partiale qui s’est focalisée (que) sur lui en laissant des assassins et des traitres vivre paisiblement et vaquer tranquillement à leurs basses besognes.
« Kalb Tounes » (Cœur de Tunisie) a réussi son premier examen mais il lui est difficile de gagner la guerre faute de soldats convaincus et manquant de bravoure. Je crains que sa mosaïque instable ne s’écroule très vite sous le poids des marchandages et de la prostitution, organisée, d’une certaine catégorie de députés. Ce parti est hélas une fausse solution pour un vrai problème sociétale: l’Islam politique.
Pour Haraket Echaab (Mouvement du Peuple), il n y a rien de révolutionnaire à dire sauf que ses membres sont aussi les soutiens indéfectibles de Kaïes Saïd avec leurs slogans d’entre les deux guerres (Nationalisme, Oumma (Nation), 3ourouba (Arabisme), Sohyounia (Sionisme), Massounia (Franc-Maçonnerie), Este3mar (colonisation) et tout le tralala qui a fait que les arabes n’ont rien fait de bon depuis belles lurettes). 7araket Echaab est l’assemblée des petits Salem Labbyadh qui ne peuvent être contents que dans le dénigrement de l’occident tout en profitant allègrement de ses découvertes et de ses avancées.
Elle a travaillé en sous main pour Kaïes Said et s’est forgée une bonne technique de communication qui l’a aidée à faire passer au parlement une quinzaine de députés qui vont nous chauffer les oreilles et nous casser les Cojones avec des phrases sans fin sur le nationalisme et « El Assala ». « Harakaet Echaab » est le nouveau conservatisme en costume cravate dont le cerveau est imperméable à l’évolution et qui refuse toute (auto)critique nécessaire avant tout projet constructif loin de la démagogie et de l’arriérisme intellectuel.
Ps: j’ai appelé en dernier lieu à voter pour « Kalb Tounes » car avec les escrocs, il y a un espoir de repentance tandis qu’avec les islamistes il n y en a pas.
Par Ali Gannoun, Universitaire