Le président Erdogan a estimé dimanche que la chute de la livre turque résultait d’un « complot politique » contre son pays, qui ripostera en cherchant « de nouveaux marchés et alliés », alors que ses relations avec les Etats-Unis sont en crise.
#Turquie. La crise diplomatique avec les Etats-Unis fait dévisser la monnaie. https://t.co/uFbaDdOG07 pic.twitter.com/GoDkSbeu7W
— Courrier inter (@courrierinter) August 13, 2018
« Le but de l’opération est d’obtenir la reddition de la Turquie dans tous les domaines, de la finance à la politique. Nous affrontons de nouveau un complot politique en sous-main. Avec l’aide de Dieu, nous surmonterons cela », a-t-il déclaré devant des partisans réunis à Trébizonde, sur la Mer noire (nord-est).
Si Washington est prêt à sacrifier ses relations avec Ankara, la Turquie réagira « en passant à de nouveaux marchés, de nouveaux partenariats et de nouveaux alliés, aux dépens de celui qui a lancé une guerre économique contre le monde entier, y compris notre pays », a-t-il menacé.
#Turquie – La monnaie nationale, la livre, a perdu plus de 15% vendredi et ça pourrait continuer aujourd’hui. Qu’est-ce qui se passe ?
L' #éditoéco de @jmvittorihttps://t.co/kvN2Ybqy49
— France Inter (@franceinter) August 13, 2018
« Nous ne pouvons que dire adieu à quiconque décide de sacrifier son partenariat stratégique et une alliance d’un demi-siècle avec un pays de 81 millions d’habitants pour sauvegarder ses relations avec des groupes terroristes », a-t-il tonné.
La Turquie et les Etats-Unis sont partenaires dans le cadre de l’Otan et les Etats-Unis disposent d’une importante base à Incirlik, dans le sud du pays, actuellement utilisée comme centre des opérations contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).
La Turquie ne cesse de reprocher aux Etats-Unis le soutien apporté en Syrie aux Unités de protection du peuple kurde (YPG). Ankara voit dans cette milice une émanation du PKK, classé « terroriste » par la Turquie mais aussi les Etats-Unis.
I have just authorized a doubling of Tariffs on Steel and Aluminum with respect to Turkey as their currency, the Turkish Lira, slides rapidly downward against our very strong Dollar! Aluminum will now be 20% and Steel 50%. Our relations with Turkey are not good at this time!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) August 10, 2018
Déclarations chocs, sanctions, menaces de représailles, puis doublement des tarifs douaniers américains sur l’acier et l’aluminium turc : le ping-pong Ankara-Washington est allé crescendo ces derniers jours, emportant avec lui la livre turque qui a dévissé vendredi de 16% face au billet vert.
Au coeur de cette bataille : le sort du pasteur américain Andrew Brunson, actuellement jugé en Turquie pour « terrorisme et espionnage », placé fin juillet en résidence surveillée après un an et demi de détention.
Les Etats-Unis demandent sa libération immédiate, alors que la Turquie plaide pour l’extradition de Fethullah Gülen, prédicateur turc établi depuis près de 20 ans sur le sol américain et soupçonné par Ankara d’être l’architecte du putsch manqué de juillet 2016.
« Vous osez sacrifier la Turquie et ses 81 millions d’habitants pour un prêtre lié à des groupes terroristes? » s’est indigné M. Erdogan.
La livre turque s’est effondrée après la décision du président Trump, annoncée dans un tweet, de doubler les tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium turcs.