Washington, (Reuters) – Donald Trump a décidé de retirer des troupes américaines dans le nord-est de la Syrie, ouvrant la voie à une offensive turque contre les rebelles kurdes qui ont chassé les djihadistes de l’État islamique de la région avec l’appui de Washington.
Violents combats cette nuit dans le nord de la #Syrie.
En violation du droit international et avec le soutien de #Trump et de 18000 djihadistes d'#Idlib, la #Turquie a lancé une offensive massive contre les #Kurds, menacés d'annihilation comme les Arméniens.
Honte sur l'#OTAN ! pic.twitter.com/gCMBvxMKlf— Georges Kuzmanovic (@Vukuzman) October 9, 2019
Le président américain, dont la décision a été annoncée dans la nuit de dimanche à lundi par la Maison blanche, a toutefois averti lundi qu’il était prêt à « détruire complètement l’économie turque » si Ankara agissait « hors des limites ». Il a précisé par la suite que la Turquie aurait de « sérieux problèmes » si un soldat américain venait à être blessé ou à faire « quelque chose que Washington jugerait inhumain ».
Pendant que les Kurdes combattaient Daesh et y perdaient beaucoup des leurs les Turcs eux laissaient les déchets de Daesh traverser la frontière ds les 2 sens et laissaient même Daesh vendre leur petrole pour se financer.
Erdogan va maintenant massacrer les Kurdes tranquillement pic.twitter.com/OFGFlNZp7U— Deus (@Deus323) October 10, 2019
Interrogé lundi soir lors d’une conférence téléphonique, un haut responsable de l’administration Trump a déclaré que 50 soldats américains dans la région visée par l’armée turque seraient redéployés ailleurs en Syrie, sur le millier de soldats américains présents dans le pays. Le même responsable a ajouté que cette décision de Donald Trump de redéployer les troupes ne constituait pas proprement dit un retrait américain de Syrie.
Abandonner les Kurdes de Syrie est une faute grave. C’est une tragédie humaine qui s’annonce. Ils, elles ont été en première ligne pour combattre daesh en Syrie. La réaction de la comm internationale doit être immédiate face à la folie d’Erdogan. pic.twitter.com/wKxhEDO9LS
— Yannick Ohanessian ☀️ (@yann_ohanessian) October 10, 2019
Donald Trump avait pourtant justifié sa décision dans la journée en déclarant qu’il était temps que les États-Unis sortent de « ridicules guerres interminables », mais le retrait américain de Syrie suscite l’hostilité d’une partie du Congrès, y compris sur les bancs républicains. Le Pentagone et le département d’État ont quant à eux désapprouvé l’opération militaire annoncée comme imminente par Ankara.
« Le département de la Défense a clairement fait savoir à la Turquie – comme l’a fait le président – que nous ne soutiendrons pas une opération turque dans le nord de la Syrie. Les États-Unis ne soutiendront pas et ne s’impliqueront pas dans une telle opération », a dit le porte-parole du Pentagone Jonathan Hoffman.
« Nous pensons que cette opération est une très mauvaise idée », a déclaré de son côté un haut fonctionnaire du département d’État. Selon un haut responsable turc, les forces turques attendront très probablement le retrait complet des forces américaines présentes dans le nord de la Syrie, qui pourrait prendre une semaine, avant de lancer leur offensive.
« Un coup de couteau dans le dos »
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), mouvement rebelle dominé par les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), ont dénoncé « un coup de couteau dans le dos ». Les FDS ont assuré qu’elles « n’hésiteraient pas un instant à se défendre ». Une invasion « ruinera tout ce qui a été accompli ces dernières années pour la stabilité », ont-elles prévenu.
NEW: Asked about the Kurds, President Trump says they "didn't help us in the Second World War, they didn't help us with Normandy" and that they're fighting for "their land." pic.twitter.com/PbCb2wzm8T
— Yahoo News (@YahooNews) October 9, 2019
Elles ont accusé Washington de ne pas avoir tenu parole et averti que le retrait américain aurait un impact « très négatif » sur la guerre contre l’État islamique. La France, par la voix de sa ministre des Armées Florence Parly, s’est également inquiétée qu’une possible offensive turque dans le Nord-Est syrien constitue une « manœuvre de diversion » à même de renforcer l’organisation djihadiste.
Les Européens redoutent que les djihadistes ne profitent de l’incursion pour échapper à la surveillance de leurs geôliers et ne fuient par la Turquie, notamment. Dans son communiqué, la Maison blanche indique que la Turquie « sera désormais responsable » du sort de tous les djihadistes faits prisonniers ces deux dernières années dans le secteur, dont la plupart sont détenus par les FDS.
La Turquie assimile les YPG au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), mouvement séparatiste qu’elle considère comme une organisation terroriste, et menace de longue date de les chasser du nord de la Syrie. Selon Ibrahim Kalin, porte-parole du président turc, la zone de sécurité qu’Ankara entend instaurer a deux objectifs : « sécuriser nos frontières en chassant les éléments terroristes et permettre le retour des réfugiés dans des conditions sûres ».
La Turquie, qui a accueilli 3,6 millions de Syriens depuis le début du conflit, souhaite en transférer deux millions dans cette zone. Une idée jugée « complètement folle » par le haut fonctionnaire du département d’État américain.
Emmanuel Macron a reçu mardi à Paris la porte parole des Forces démocratiques syriennes (FDS), Jihane Ahmed, pour lui témoigner de la solidarité de la France et lui exprimer sa préoccupation face à une possible opération militaire turque en Syrie, a indiqué mercredi une source à l’Élysée.
« L’idée était de lui témoigner de la solidarité de la France qui se tient aux côtés des Forces démocratiques syriennes, partenaires clefs de la lutte contre Daech dans la région, et de lui redire notre forte préoccupation face à une possible opération militaire turque en Syrie », a dit cette source.
La France passera « ces messages aux autorités turques directement », a-t-elle ajouté, sans donner plus de précisions.