L’UE ne devrait pas débloquer les avoirs de l’homme d’affaires et ancien gendre de l’ex président Ben Ali, a déclaré, vendredi, Transparency International (IT). « À la demande du ministère tunisien des Affaires étrangères, Mohammed Marouen Mabrouk, sera potentiellement rayé de la liste des 48 personnes sanctionnées par l’UE pour avoir détourné des avoirs de l’État tunisien en 2011.
« Le groupe de travail Machreq / Maghreb (MAMA), chargé de la politique étrangère de l’UE et des questions de sécurité dans la région MENA, a déjà approuvé la demande du ministère des Affaires étrangères », a annoncé l’ONG internationale, sur son site web.
Marouane Mabrouk, Ben Ali’s son-in-law, should remain on EU #sanctions list – statement from us and @IWatchTN https://t.co/UZLMLu5Uoq
— Transparency International EU (@TI_EU) January 4, 2019
M. Mabrouk fait l’objet d’une enquête en Tunisie pour corruption. Le 15 novembre 2018, le Tribunal de l’Union européenne a confirmé l’inclusion de Mabrouk dans les listes de sanctions imposées par la Tunisie pour 2017 et 2018, comme il l’avait été auparavant pour 2015 et 2016.
Le 31 janvier 2011, le Conseil de l’Union européenne a décidé d’adopter des mesures restrictives à l’encontre de personnes responsables du détournement de fonds publics tunisiens, qui privent ainsi le peuple tunisien des avantages du développement durable de son économie et de sa société et compromettent l’évolution démocratique du pays. »
« Sont gelés tous les capitaux et ressources économiques qui appartiennent à des personnes responsables du détournement de fonds publics tunisiens et aux personnes physiques ou morales, entités ou organismes qui leur sont associés, de même que tous les capitaux et ressources économiques qui sont en leur possession, ou qui sont détenus ou contrôlés par ces personnes, entités ou organismes… »
« La demande du Chef du gouvernement, Chahed sera examinée par les diplomates de l’UE participant au Groupe de travail des conseillers en relations étrangères (RELEX), début janvier 2019 et confirmée par les ministres des Affaires étrangères de l’UE plus tard dans le mois », a encore écrit TI, dans son communiqué. « Les gouvernements de l’UE devraient rejeter cette demande jusqu’à ce que les allégations de corruption soient tranchées », a déclaré Carl Dolan, directeur de Transparency International EU.
«Lors de la Journée internationale des droits de l’homme célébrée plus tôt ce mois-ci, les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont souligné l’importance du régime de sanctions de l’UE pour la défense des droits de l’homme. Ils envisagent de cibler les avoirs des auteurs de violations des droits de l’homme et de mettre fin à leur droit de se rendre dans l’UE. Accepter cette demande sélective et suspecte du gouvernement tunisien enverrait un message totalement erroné aux gouvernements corrompus et à leurs acolytes », a souligné TI.
Les démarches du chef de gouvernement, Youssef Chahed auprès de l’UE pour débloquer seulement les avoirs de Marouen Mabrouk et non ceux des personnes inscrites sur la liste des hommes d’affaires et personnes dont les avoirs ont été confisqués, ont été révélées par I watch, le 13 décembre 2018.
I Watch, section de Transparency International en Tunisie, a rapporté, vendredi, dans un communiqué, que l’ONG internationale « condamne la persistance du chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed à demander la levée de la mesure de gel des avoirs de Marouane Mabrouk dans les pays de l’Union européenne ». I watch a aussi, pointé du doigt le « silence radio observé par le gouvernement Youssef Chahed. »