Alger, (Reuters) — Les premiers chiffres de la participation au référendum de dimanche en Algérie suggèrent une participation faible en dépit des efforts entrepris par le gouvernement pour convaincre les électeurs d’approuver la modification de la constitution.
Ce scrutin est présenté comme un test tant pour Le président Abdelmadjid Tebboune, soutenu par l’armée, que pour le mouvement populaire Hirak, qui est parvenu à mobiliser des centaines de milliers d’Algériens aspirant à de profondes réformes et qui, dans l’ensemble, rejettent la consultation de dimanche.
Selon les premiers chiffres officiels, seuls 13% des électeurs inscrits s’étaient rendus aux urnes à 14h00, soit cinq heures avant la clôture du scrutin.
À titre de comparaison, lors de la présidentielle de décembre dernier, la participation avait plafonné à 40%, le chiffre le plus faible enregistré depuis des décennies, et elle atteignait 20% à 15h00.
Hospitalisé en Allemagne depuis la semaine dernière après que plusieurs cas de nouveaux coronavirus ont été signalés dans son entourage, Abdelmadjid Tebboune espérait une participation massive susceptible de renforcer sa légitimité, contestée par la rue.
Une chaîne de télévision pro-gouvernementale a diffusé dimanche matin des images tournées dans un bureau de vote à Mila, une ville du nord-est du pays, montrant des centaines de jeunes gens attendant patiemment leur tour pour voter, offrant un contraste assez net avec l’absence d’enthousiasme observé à Alger.
Dans un communiqué publié samedi à l’occasion des commémorations du déclenchement de la guerre d’indépendance, Abdelmadjid Tebboune a une nouvelle fois appelé ses compatriotes à se rendre aux urnes.
Selon le pouvoir, la réforme constitutionnelle est une réponse aux revendications du Hirak qui a contribué à chasser du pouvoir l’ancien président Abdelaziz Bouteflika.
Pour l’opposition, cette réforme n’atteint pas les objectifs du Hirak, qui réclame avant tout le remplacement d’une caste politique au pouvoir depuis l’indépendance, la fin des interférences de l’armée dans la vie publique et celle de la corruption.
La nouvelle constitution prévoit notamment de fixer une limite au nombre de mandats présidentiels et l’extension des prérogatives du Parlement et du judiciaire mais aussi d’autoriser l’armée algérienne à intervenir hors des frontières du pays, en Libye et au Mali par exemple.
Version française Nicolas Delame et Marc Angrand